Quatre artistes qui mêlent désir, angoisses, mort & au-delà, quatre inspirations fondatrices

Au quotidien, une myriade d’images et de visions nous hantent, provoquent de réguliers cauchemars, stimulent notre imaginaire et forgent notre prisme de perception. Mon attrait pour les arts visuels a toujours été présent, même si je creuse cet intérêt seulement depuis que j’enseigne en filière artistique, comme si une retenue voire presque un tabou avait été levé par le devoir professionnel. A présent, j’ai l’impression de passer le plus clair de mon temps en quête d’inspirations visuelles, conceptuelles, à imaginer des compositions, à repérer les lumières, les ombres, les atmosphères, et tout ce qui évoque le monstrueux. J’ai décidé de faire une petite sélection, une tétralogie totalement subjective de ce qui a pu conditionner mon univers intérieur, même si nombre de mes articles aujourd’hui se veulent plus frivoles et consensuels peut-être, je n’oublie pas l’essence du blog qui est d’aller farfouiller au-delà du miroir… Ce n’est pas aisé d’insérer cette valeur « méta » dans tout ce que l’on fait, dans un simple ootd, mais je m’y évertue parfois, en faisant une ouverture sur l’ancrage culturel, artistique et psychanalytique d’une couleur, d’un motif, d’un vêtement. Pour moi, la mode et les arts visuels travaillent ensemble invariablement, et chaque vêtement raconte de multiples histoires : une vérité historique et une vérité plus personnelle que l’on s’approprie et que l’on construit au fur et à mesure que le vêtement est porté, pensé, appairé avec de nouvelles tenues, enterré puis ressuscité.

Aujourd’hui si mes questionnements sont ceux que je présente sur le blog, c’est en grande partie dûe à mes obsessions principales :

– questionner la prégnance de nos peurs sur nos vies en les revisitant de manière esthétisée, en les sublimant
– mettre en lumière les liens si mystèrieux qui unissent l’amour à la mort, l’érotisme à la finitude, la construction à la destruction
– développer une vision d’ensemble nourrie de toutes ces pièces du puzzle complètement dépareillées
– tisser des liens entre ces éclats et tisser un lien avec autrui dans le but de reprendre à nouveau tous ces questionnements, les asseoir, les ébranler, les détruire, les oublier et se rendre compte que plusieurs années plus tard, ils continuent et continueront toujours à nous hanter.

Quand ma mère me demande pourquoi j’aime autant les monstres, je sais que c’est pour toutes ces raisons, et qu’imaginer et métaphoriser le pire me permet de l’incorporer au meilleur, de ne plus en faire un tabou.

Ma sélection des 4 artistes suivants évoquent tous à leur manière ces questions qui sous-tendent les interrogations existentielles, charnelles, spirituelles de l’homme. Elles mettent en avant ce qu’il y a de plus reptilien, animal, et mental chez l’homme. Je ne me lasserai jamais de ces petits contes horrifiques visuels, ils ne cesseront jamais de m’inspirer, de m’effrayer, de me charmer, et de m’apaiser.

1. John Kenn Mortensen

Celui qui me trouble le plus. Il y a une telle justesse dans ses métaphores visuelles, de tels uppercuts répétés que les images me hantent littéralement. Tout est là : les traumas de l’enfance, la dépression, les angoisses du quotidien, la mort qui rôde à chaque coin de rue déguisée en gentil monstre aux yeux vitreux.

Ce qui m’inspire chez cet artiste : 

Le forme enfantine digne d’un Burton qui sert un propos terriblement effrayant digne d’un Lovecraft, doux contraste nécessaire pour évoquer la violence des obsessions et du désarroi humain.

Son blog ~ ici ~ 
Son instagram ~ ici ~ 

2. Bill Crisafi 

Une approche plus paganisante qui interroge la place de la femme dans le cycle de la vie et dans le cosmos. La mort y est féminine, presque douce et précieuse, les femmes y sont représentées autant carnassières et effrayantes que divines. Elles ont le pouvoir de donner la vie autant que la mort, et en chaque femme sommeille une sorcière qui s’ignore.

Ce qui m’inspire chez cet artiste : 

Ces visages dignes d’un film expressionniste allemand, qui portent dans leurs traits les germes de la mort, le sourire du diable, l’empreinte de l’occulte.

Son site ~ ici ~ 
Son instagram ~ ici ~ 

3. Rik Garrett 

Rik Garrett me fascine. Sa relation à la photographie est purement magique : il shoote dans les forêts environnantes des créatures nues qui semblent tout droit sorties de la scène d’introduction du film Lords of Salem, Haxan ou le final de THE VVITCH :

Il utilise un vieil appareil photo argentique qui a plus de 100 ans et il doit se balader avec une chambre noire portative pour développer ses clichés juste après la prise de vue! Etant donné la difficulté des conditions sur le terrain et la vêtusté de l’appareil, les photos sortent avec énormément de « défauts » qui font tout leur charme et leur mystère.

Ce qui m’inspire chez cet artiste :

Son attrait pour les forêts, les sorcières et la déformation des corps dans des actes sauvages, primitifs. Son travail des contrastes et sa relation avec le hasard en tant que prise de risques créative.

Son site ~ ici ~ 
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4. Brittany Markert

George Bataille hante cette demoiselle. Le rapport entre Eros et Thanatos est constant, et le rapport à la douleur est diffus ou carrément explicite dans de nombreuses photographies. Mêlez à cela les cauchemars claustrophobiques de l’enfance et la peur de disparaître ; d’où la nécessité de marquer le monde et conséquemment, le corps de l’autre, vous obtenez le concept « Inrooms » de la jeune photographe.

Ce qui m’inspire chez cette artiste :

Son attachement au spectral qui côtoie si naturellement l’érotisme et la finitude. Ses superpositions révélantes, et l’intimité pétrifiante de ces pièces cloisonnées où le drame intérieur est théâtralisé.

Son site ~ ici ~ 
Son instagram ~ ici ~ 

3 commentaires Ajouter un commentaire

  1. Intéressant article. Je ne connaissais pas tous ces artistes, à part John Kenn Mortensen, alors merci pour la découverte !

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    1. Adorable ce petit commentaire ! Merci pour votre passage dans mon humble demeure, j’ai été ravie de visiter la vôtre et j’y reviendrai souvent je pense 😉

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      1. Oh, merci !
        Je dois visiter un peu plus la vôtre, ce que je ne tarderai pas à faire. (Mais ce matin, je partais au travail et ce soir, je n’ai pas du tout le temps.)

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