L’Irlande en photos et poèmes

Il y a 10 ans, je vivais en Irlande non loin de Dublin, et chaque période de vacances était destinée à la découverte de ce beau pays. J’avais choisi l’Irlande car les mythes et les histoires que j’avais lus en rapport avec ce pays me fascinaient. Mon premier vrai coup de coeur littéraire, c’était un livre d’Eric Simard intitulé Le Souffle de la Pierre d’Irlande.

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De là tout est parti. Mon amour irrationnel pour ce pays, ses légendes, ses personnalités, ses guerriers… J’étais amoureuse avant même d’y avoir mis les pieds. Mon expérience sur place s’est un peu frottée trop fort au contre-coup hautement capitaliste de l’entrée dans l’UE, l’essor du tourisme dans un pays qui jusque dans les années 80 était largement ancré dans la pauvreté… Ce qui est une excellente chose évidemment, mais ce qui a pour conséquence d’étouffer l’authenticité du pays… Moi ce que j’aimais c’était sa rugosité, c’était les senteurs de houblon mêlées à la tourbe, c’était les bains d’algue et le vent qui fouette le visage, les voix écorchées des chanteurs de rue. J’ai retrouvé une part d’Irlande authentique et d’Irlande mythique dans mes pérégrinations, notamment dans le Donegal. Mais l’odeur de la frite au vinaigre blanc sur O’Connell Street, c’était le plus gros clash culturel auquel je ne m’attendais pas du tout…
L’autre élément désarmant auquel je m’étais préparée, c’était l’intégrisme catholique, les posters de foetus pourris placardés par des extrémistes dans les rues de Dublin… L’accès très difficile à la contraception, l’interdiction d’avorter… Quelle fierté de voir d’anciens élèves militer pour « Repeal the 8th » (loi de 83 qui avait encore plus durci l’interdiction d’avorter en Irlande) et remporter la victoire !
C’est aussi ça que j’admire chez les Irlandais, le fighting spirit qui a su défier le poids des traditions et des tentatives d’assujettissement.
Et puis, dans certains coins d’Irlande, on ne remet pas en question les légendes, on vit avec ces dernières au quotidien. On laisse parfois des offrandes aux fées. Dans certains endroits, on sent la présence magique des éléments comme si on venait de naître pour la première fois. La violence du vent. La danse de l’écume. La lacération du sable. Tout est parfois si intense qu’on rêve juste d’une petite chaumière peinte à la chaux dans laquelle se réfugier pour observer le spectacle des éléments.
Je n’y suis pas retournée depuis… Mais quand je relis les mots d’Eric Simard, je me replonge dans la magie de Clifden et des falaises de Moher, et je ne souhaite que revenir pour ne faire qu’une avec l’île d’Emeraude.

Poème écrit en 2004, j’avais 16 ans, et j’étais dingue de mythologie celtique :
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Intensité des vents de l’océan
Régnant sur les terres oubliées,
Longtemps foyer des Thuata et
Anga, la gardienne céleste.
Naufragés d’un infini tourment,
De nocturnes oiseaux ont célébré
En dansant, les secrets de Dagda.

2006 :
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La route du ciel te mènera à cet envers
Ce chemin-éclair qui tourne et puis se tait.
Et sous les airs envolés,
les kilomètres bus,
le soleil de cils divins
S’animeront les bras de mer que tu as peints
En vers, épars et amers.
En silence, vogue doucement à dos d’écume
Tant que ton œil clos déverse sur ta raison ce verre de brume.

2006 :
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Océan, eau naissant des nues, qui dans une danse en transe souffle les rocs, marie les dunes et conjugue à tous les temps sa litanie déchue.

Océan, ciel de cendre qui s’étend sur les cotes déchiquetées, cheveux divins s’entrelacent aux vœux exaucés, aux rêves disséminés au cœur d’un carrefour, au cœur d’un doute dissipé.

Océan, récit des ires de l’au-delà quand les Néréides ne sont plus là, reçois dans tes abysses des cris secrets pour qu’ils y périssent.

2010 :
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Sky Road, Sky Road, tu me rendras folle, Sky Road,
J’arpente tes pentes dansantes qui lentement serpentent
Le long de ton corps couvert d’écume qui vole
Entre les nuages qui m’absorbent alors que tu chantes

Cette ôde que la pluie érode, que le ciel dérobe,
Et qui s’achemine sur mes joues toutes empourprées,
Émues par ton regard posé, je m’y love
Pour être tienne à jamais et à toi me lier.

Sky Road, Sky Road, je promets que je reviendrai,
Par cœur, de nuit, les poings liés, les yeux fermés
Je te peindrai, te décrirai, t’embrasserai

Et à la lumière froide je serai ton aimée
Dans tes yeux d’épure je me réincarnerai
Et miroiteraient dans la brume nos âmes enlacées.

4 commentaires Ajouter un commentaire

  1. Nymeria dit :

    Tes poèmes sont beaux… ❤
    Est-ce que tu vois l'Irlande et l'Ecosse comme des régions/pays au même type de coutumes, mythologies, etc., rattachées à la culture celtique ?
    J'adorerais aller en Irlande, surtout dans les endroits moins touristiques.

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  2. Why not, Amélie ? dit :

    Tes poèmes sont magnifiques, vraiment ! ♥

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    1. Mille mercis ! Je suis allée faire un tour sur ton blog aussi: quelle perspicacité et maturité, c’est très agréable à lire ! Je me retrouve totalement dans tes réflexions, je pense qu’on aurait été amies au lycée ! Merci pour ton passage ici, je vais essayer de mettre mon blog un peu plus à jour, ces derniers temps ont été beaucoup plus déconnectés et c’est aussi très agréable 😊

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      1. Why not, Amélie ? dit :

        De rien, ah ah ! C’est sincère. ^^
        Ooooh, merci beaucoup ! J’essaie vraiment de partager ce que je pense et voir que d’autres personnes pensent de la même façon que moi me rend heureuse ! 😀
        De rien encore ! 😉
        Oh, c’est super ! J’ai hâte de voir ce que tu vas poster ! Oui, c’est vrai que c’est bien de déconnecter parfois. ^^

        J’aime

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