Fire Witch

Lacs quiets, abysses noirâtres,
Les joncs s’enfoncent péniblement dans les profondeurs,
Macèrent, pourrissent et se taisent.
Les corps se ratent,
Les corps s’effacent,
Les épaules cèdent,
Ployant sous le poids d’un invisible fardeau.
Qui a dit que nos corps muets, inexpressifs, devraient se draper du linceul de l’ignorance?
Face aux fossés fuligineux où les âmes fébriles s’affaissent et s’effondrent,
Je m’étonne :
Le feu qui m’inonde vit-il encore?
Ma rêverie m’a portée loin, m’a insufflée les enfourchures où m’aventurer, m’a projetée sur les terres à incendier,
La flamme pyroïde qui me guide pompe mon sang et électrise tout mon corps ;
les désirs deviennent des rêves qui se frottent au sable du réel,
les déserts deviennent des rives, des flots de passion qui s’épanchent et irriguent tout mon être.

Forte de la lecture de la Psychanalyse du feu de Gaston Bachelard, et de livres motivationnels tels que ceux d’Elizabeth Gilbert (Big Magic) ou Austin Kleon (Show your work!), j’avais très envie de célébrer le feu et la créativité dans mes posts. J’ai beaucoup parlé de l’importance des couleurs pour moi, notamment du noir et du rouge qui sont des couleurs tellement essentielles à mes yeux, tellement profondes. J’ai commencé à m’intéresser de plus près à l’impact des éléments dans nos vies, notamment via le thème natal, puis via les différentes passions que nous cultivons. D’une part, il y a l’air, mon ascendant, mêlé de près au feu, mon signe solaire. J’ai baigné dans les eaux mélancoliques et marécageuses de mes artistes préférés, puis je me suis penchée sur la question des racines, de l’importance de l’élément Terre. Le dernier article en date annonçait déjà cet intérêt pour le feu, les terres rouges de mon enfance. Mais aujourd’hui, j’ai réellement envie de me pencher sur l’incidence de cet élément dans nos vies, dans notre capacité à nous motiver, à être des agents désirants, à imprimer notre présence dans le paysage.

« Le feu est l’ultra-vivant… il monte des profondeurs de la substance et s’offre comme un amour. Il redescend dans la matière et se cache, latent, contenu comme la haine et la vengeance. Il est douceur et torture. Il punit de toute désobéissance quand on veut jouer de trop près avec ses flammes. C’est un dieu tutélaire et terrible, il peut se contredire. » (Bachelard)

Connaissant le danger et l’attrait que représente le feu, j’ai commencé par faire un rapide brainstorming…

Puis j’avais en tête plusieurs images fortes du cinéma ou de la littérature… dans le désordre :
– « Tiger tiger burning bright in the forest of the night » (scandé)
– l’explosion finale dans Zabriskie Point
– la fin apocalyptique de Mother!
– Charlie la pyromane de Stephen King
– la scène dans le désert intiatique de C.R.A.Z.Y.
– la scène d’intro de sabbat des Lords of Salem
– la scène de sabbat de The witch
– La Neuvième Porte
– Lune de fiel de Polanski
– « Sensual world » de Kate Bush
– le monologue de Molly Bloom « yes » de Joyce dont cette chanson est inspirée
– « Everybody loves the sunshine » de Flo Morrissey
– les mythes de Prométhée et d’Empédocle

(désolée pour la listouze infinie)

Tout cela mêlé au désir d’explorer des lieux que je ne connaissais pas, de suivre Jim dans ses vagabondages sudistes ; ce qui nous a menés à cet endroit précis où la terre et le feu ne semblent faire qu’uns.

Je me sens tellement feu, tellement versatile, changeante, fantaisiste, inconsistante, inconstante, chaleureuse, amicale, impulsive, tempétueuse, démonstrative, spontanée, sanguine, volcanique, aléatoire, vagabonde, distraite, primesautière, superficielle, corrosive, bouillonnante, enthousiaste… J’ai toujours le désir de partir, que ce soit physiquement ou mentalement, j’emporte avec moi, mais souvent je suis solitaire dans mon rapport à la rêverie, à la fuite. Mon rythme cardiaque est extrêmement élevé, ma tension aussi, mon sang est chaud, je sens mes entrailles bouillir, je me sens prête à bondir pour une nouvelle aventure. La soif de superflu me taraude, je vis dans le désir de tout avoir, tout être, tout le temps. Cela passe par des choses matérielles, des choses spirituelles… Ce n’est que dans la vitesse, dans la précipitation, dans la fugacité que je me sens le plus vivante.

« La conquête du superflu donne une excitation spirituelle plus grande que la conquête du nécessaire. L’homme est une création du désir, non pas une création du besoin. » (Bachelard)

La question de la connaissance est elle aussi centrale, surtout chez les sagittaires. Signe de feu par excellence, le sagittaire semble souvent frivole, léger, superficiel, mais il sait être très profond, il n’aime pas forcément dévoiler tout de go ses sentiments ni ses plus intimes pensées. Il est mu par une curiosité intellectuelle, un désir de comprendre la psyché humaine et de se connaître lui même. « Gnôthi Seauton » (Connais-toi toi même) serait la devise la plus en adéquation avec sa personne. La créature de feu sent en elle la soif de la connaissance : le complexe de Prométhée s’agite en elle. Le complexe de Prométhée n’est autre que le complexe d’Oedipe de la vie intellectuelle (souligne Bachelard), mais Empédocle n’est pas loin non plus : le feu et la rêverie sont pour toujours liés, les instincts de vie et de mort restent toujours présents. Ce sont nos moteurs les plus intimes.

Et vous, de quel élément vous sentez-vous le plus proche ?

Photos
Jim

Tenue
Top en dentelle, Boohoo
Jupe, Missguided
Bottes, Texto (old)
Sautoir, Newlook
Rouge à lèvres, Nyx (biker babe)